Exposition centrale

L’exposition centrale, présentée au MNBAQ, proposera une centaine d’œuvres d’une vingtaine d’artistes internationaux, canadiens et québécois rassemblés sous l’enseigne du thème fascinant, mystérieux et dans l’ère du temps de Matijcio. Ce sera une occasion unique d’aller à la rencontre du travail d’artistes qui explorent des pratiques artistiques employant des dispositifs illusoires, des stratégies de détournement et des tours de passe-passe en tant que vecteurs de réflexion critique sur nos enjeux sociopolitiques.

Tony Tasset

Snowman with Coke Can Mouth and Broom, 2017. Verre, résine, laiton, émail et peinture à l'huile, polystyrène, acier inoxydable et bronze, 182,9 x 162,6 x 91,4 cm.

Sascha Braunig

Dancer, 2019. Huile sur toile de lin sur panneau, 139,7 x 63,5 cm. Collection privée. Photo : © Charles Benton.

Nicolas Baier

Data, 2016. Impression au jet d'encre, acrylique, acier, 106,7 x 172,7 cm. Avec l'aimable autorisation de l'artiste et de la galerie Blouin Division, Montréal.

Maskull Lasserre

Conscience (détail), 2018. Acier, aimant, câble, 30 x 46 x 610 cm (dimensions variables). Courtoisie de l'artiste et de la Galerie Blouin Division, Montréal.

Annie Baillargeon

Les Magiciennes 2, 2015. Impression au jet d'encre et aquarelle, 105 x 162,6 cm. Collection privée Photo:© Étienne Boucher.

Karine Payette

Espaces sans espèces Ill, 2019. Installation/ Fourrure synthétique, bois, ruban adhésif, silicone, moteur, ciment. néons, 306 x 306 x 306 cm. Photo: © Guy L'Heureux

ANNIE BAILLARGEON

Photographies.

Les séries photographiques de Baillargeon traversent diverses facettes de la féminité et de ses constructions plurielles. Certaines sont révélées avec ostentation, alors que d’autres gardent une aura de mystère, à l’instar du visage de l’artiste qu’on ne voit jamais entièrement.

BRIAN JUNGEN

Persuasion Mask, 2018, installation sculpturale.

1990, 2007, installation sculpturale.
Brian Jungen puise dans les savoir-faire de sa tradition familiale d’élevage et de chasse ainsi que dans les connaissances héritées de sa culture Dane-zaa pour reconfigurer en sculptures fantaisistes des objets issus de la production de masse.

CAROLINE CLOUTIER

Installations photographiques.

Caroline Cloutier s’intéresse à la fonction réfléchissante inhérente aux images spéculaires et photographiques, ainsi qu’à leur pouvoir d’évocation d’espaces virtuels. Elle emploie des miroirs et des photographies imprimées en grand format comme dispositifs de découpage illusoire des surfaces architecturales.

GABRIEL LESTER

Murmur, 2015, vidéo.

Dans la vidéo Murmur, des musiciens jouent leurs instruments au travers d’un mur ajouré. Leur performance voilée souligne l’écart entre le culte de la personnalité et la vie souvent dissimulée des artistes en coulisse. Séparant le corps de l’artiste de sa création, ce mur contraignant sert de tremplin critique pour réexaminer les paradoxes de l’institution qui cultive les fruits du labeur artistique.

GILLIAN WEARING

Wearing Gillian, 2018, vidéo.

Wearing Gillian, est un geste d’auto-promotion généré par intelligence artificielle et créé en collaboration avec l’agence publicitaire Wieden + Kennedy. Il s’agit d’une vidéo de cinq minutes qui emploie de la technologie d’intelligence artificielle pour greffer le visage de Wearing sur celui d’acteurs qui la « portent ». Les diverses interventions mettent à l’épreuve notre perception du réel lorsqu’elle s’adresse directement au regardeur.

GLENN KAINO

Untitled (Ricky Jay) , 2010, installation.

Glenn Kaino orchestre des expériences esthétiques aux contradictions poétiques en vue de réconcilier des idées qui pourraient, a priori, sembler conflictuelles, opposées, dichotomiques. Il reconfigure des composantes du réel, combine des éléments disparates et emprunte à d’autres formes culturelles pour élaborer des pièces à forte teneur conceptuelle et expérientielle.

JAMIE ISENSTEIN

Ghost Clothes, 2017, installation murale.

Au Musée national des beaux-arts du Québec, un drap avec orifices, ayant vraisemblablement habillé un fantôme, est accroché au mur. Le tissu ainsi étendu, la présence du costume spectral souligne l’absence du corps nécessaire pour lui donner forme. La projection Thingamajig figure, grâce aux distorsions d’un miroir déformant, une paire de jambes avec quatre pieds et une paire de bras avec quatre mains qui se lancent dans un curieux tango. Les membres de ce corps fragmenté s’animent avec autonomie, comme s’ils s’étaient émancipés de leur condition appendiculaire pour devenir des êtres à part entière.

KAREN TAM

Salon chinois: White Gold, 2021, installation in situ.

Réunissant des éléments d’installations précédentes, d’œuvres de la collection du Musée national des beaux-arts du Québec et la production de nouvelles sculptures, de textiles, de découpes, de panneaux muraux, cette installation in situ évoque un intérieur privé qui révèle une fascination pour la culture matérielle chinoise.

KARINE FRÉCHETTE

Peintures et installations cinétiques.

Paradoxales, les œuvres de Fréchette condensent deux régimes de temporalité foncièrement opposés. Elle travaille le médium ancestral de la peinture - qu’elle applique minutieusement dans un processus chronophage - pour visuellement traduire la volatilité de l’expérience optique contemporaine.

KARINE PAYETTE

À perpétuité; Espaces sans espèces III;
Espaces sans espèces VII
.

Dans sa démarche installative, Karine Payette élabore des environnements factices qui relatent de l’habitat et de ses incidences identitaires. Insufflées d’une certaine tension qui transparaît par le motif de l’inconfort, de l’incertitude, voire de l’absence, ses mises en scène oniriques s’adressent aux enjeux d’adversité et d’altérité du vivant.

MASKULL LASSERRE

Sculptures et photographies.

Par le geste de transformation sculpturale, Maskull Lasserre insuffle une certaine vitalité à des objets ordinaires en leur octroyant l’illusion de muabilité, comme si leur matière était sujette aux métamorphoses. Jouant d’une esthétique incorporant des éléments de nostalgie et des évocations tantôt macabres, tantôt humoristiques, ses œuvres éveillent une sensation d’étrange familiarité.

MICHEL DE BROIN

Monochrome bleu, 2003, installation.

Avec un titre qui cite directement l’artiste moderne Yves Klein et ses abstractions picturales épurées, Monochrome bleu est tout sauf minimaliste. Ce bleu désigné renvoie en fait aux 1649 litres d’eau chlorée et contenue dans un cadre hors du commun : un conteneur à déchets usagé et imperméabilisé à l’époxy turquoise. Véritable bain à remous reconverti et muni d’une pompe, d’un système de filtration et de jets puissants qui rugissent continuellement, cette installation transgresse son statut d’œuvre d’art et la convention implicite d’interdiction d’y toucher. Le spectateur ou la spectatrice est plutôt invité à s’y baigner et à se détendre, comme dans un spa. Avec ironie, Monochrome bleu donne un sens nouveau à l’expression « dumpster diving ».

NICOLAS BAIER

Photographies et vidéo.

Au premier abord, Data pourrait passer pour une immense photographie immergeant le regardeur dans les confins d’une forêt luxuriante, peuplée d’épinettes et sillonnée d’un ruisseau. Renvoyant aux données informatiques, le titre de l’œuvre révèle qu’il s’agit en fait d’un paysage entièrement virtuel. La vidéo Procession poursuit l’adéquation métaphorique entre l’écosystème forestier et celui du numérique. Suivant un déplacement frontal continu, les plans alternent entre les images filmées d’un entrepôt de serveurs et les images modélisées d’une forêt. L’artiste souligne ici l’amalgame formel des deux univers : les entrelacs de fils du Web matérialisé font écho aux branches d’arbres de la forêt dématérialisée.

NVIDIA

One Hour of Imaginary Celebrities, 2017, vidéo.

D’un réalisme vertigineux, les visages vaguement reconnaissables dans la vidéo se métamorphosent successivement les uns dans les autres. Avec son programme effectuant le tri instantané des attributs esthétiques de milliers d’images analysées simultanément, One Hour of Imaginary Celebrities génère aléatoirement la présence de détails faciaux tels que les poils, les pores et les taches de rousseur. Engendrant un effet déstabilisant d’inquiétante étrangeté, ce projet soulève les potentialités redoutables du deep fake, ou de l’hypertrucage, qui menace aujourd’hui la véracité des images numériques.

PIERRE HUYGHE

A Journey That Wasn’t, 2005, vidéo.

A Journey That Wasn’t est un film qui mélange les images d’une expédition antarctique à celles d’un spectacle orchestré à Central Park. Dans une fusion cinématographique du temps et de l’espace, la réalité et sa reconstitution deviennent indistinguables. Une sorte de comédie musicale se déploie sur scène – ou serait-ce dans le réel? – avec un pingouin albinos qui déambule sur un glacier. Son film est une fiction imaginative à l’orée du documentaire. Il souligne cette propension qu’ont justement les documentaires à générer de nouvelles réalités sous le masque d’une objectivité tant proclamée.

SASCHA BRAUNIG

Dancer et Heavy Halter, 2019, peintures.

L’art de Braunig aborde la fragmentation de soi occasionnée par les processus d’objectification des corps dans la culture médiatique et de dissolution identitaire dans le vortex de l’Internet. Chancelant sur le registre incertain de l’inquiétante étrangeté, ses figurations déstabilisantes renvoient à la porosité qui existe entre le sujet contemporain et son environnement, ou encore à la vacuité inhérente au capitalisme tardif.

TAUBA AUERBACH

Heat Current I, 2020, plexiglas et aluminum.

En tirant profit des méthodologies mathématiques et physiques employées notamment en topologie et en cartographie, Tauba Auerbach sonde le large spectre dimensionnel des phénomènes naturels qui demeurent imperceptibles aux êtres humains. En peinture, en photographie, en sculpture et en textile, ses œuvres ratissent le monde à l’échelle autant microscopique que macroscopique.

TITUS KAPHAR

Tax Collector, 2011, installation picturale.

Titus Kaphar examine l’histoire de la représentation picturale en s’introduisant dans ses récits dominants pour les trafiquer. Ses interventions transcendent l’état antérieur de tableaux anciens pour y faire émerger de nouveaux discours jadis relégués dans la marge, comme ceux de personnes issues de groupes minorisés. C’est dans cette optique que Tax Collector procure une nouvelle couche de sens à une œuvre historique, le Portrait de Thomas John Medlycott, réalisé en 1763 par l’artiste Thomas Gainsborough.

TOM FRIEDMAN

Open Black Box, 2006, installation sculpturale.

Open Black Box est constitué de huit coins de papier de construction noir et suspendus dans l’espace avec des fils de pêche transparents. Grâce à leur accrochage précisément calculé, les éléments ainsi disposés créent l’illusion d’un cube en trois dimensions. L’installation illustre à merveille la loi de Prägnanz, selon laquelle l’œil aurait inconsciemment tendance à simplifier des figures complexes, ainsi que la loi de fermeture, qui dicte que le regard aurait aussi la capacité de compléter une figure incomplète, par réflexe de rationalisation. Le cube perçu est effectivement invisible : c’est la logique inconsciente de la perception qui matérialise cette sculpture mentale.

TONY TASSET

Snowman with Coke Can Mouth and Broom, 2017, sculpture.

Tony Tasset puise dans le vernaculaire et la culture populaire pour décortiquer le rêve américain et ses nombreux mirages. Il récupère des images emblématiques issues des médias de masse et en produit des caricatures saisissantes. Son langage satirique saute d’un registre culturel à l’autre pour tourner en ridicule les distinctions arbitraires entre le « high art » et le « low art » et accrocher sur son passage des problèmes inhérents au capitalisme.

VALÉRIE HEGARTY

Boarded Up Window, Brooklyn, 2018, peinture.

Maîtresse de la réplique ruinée, Hegarty intrigue par la mise en scène théâtrale de ses œuvres sur lesquelles le temps semble avoir eu une possession fulgurante. Elle s’intéresse à la mémoire matérielle dans un processus qu’elle nomme “archéologie inversée” afin de critiquer les enjeux actuels ou passés de l’Amérique.